Avant-propos
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Introduction à la controverse des Karmapa
Quelques données historiques
1959 : Le Karmapa s'exile en Inde
Les difficultés au temps du 16ème Karmapa
Les années 80 à 90
Les évènements de 1992
Les évènements de mai et juin 92
Campagne de propagande
Orgyen Trinley, le Karmapa de Sitou Rinpoché
Les événements de novembre et décembre 1992 à Rumtek
Informations concernant le Sikkim
Année 93 : la situation dégénère à Rumtek
Identification du 17ème Karmapa Trinley Thayé Dorje
L’année 1994
La controverse : confrontation des points de vues
Les rapports entre Shamar Rinpoché et le Dalaï-Lama
Survol des événements des années 1994 à 1999
Année 2000
Année 2001
Chronologie des événements
Bibliographie et sources d’informations
Accès pages en anglais
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Informations concernant le Sikkim

Situation intérieure au Sikkim

Les quatre familles dominantes du Sikkim

Le "Joint Action Committee (JAC)"

Informations pour mieux comprendre les intérêts du JAC


Situation intérieure au Sikkim

Éléments de l’histoire du Sikkim

Au Sikkim, la communauté Bhutia et Lepcha est formée de différents groupes ethniques. Parmi les plus importants, les Kazi, ou propriétaires, sont traditionnellement les familles nobles du Sikkim. Pendant des siècles, les Kazi ont exercé une grande influence dans la région, à l’époque de l’ancienne dynastie des Choegyals (rois du Sikkim). Les Babou (employés) font partie de la classe moyenne, membres d’un clan habituellement instruit mais traditionnellement inférieurs aux Kazi. La classe suivante, les Lepcha et les Bhutia sont traditionnellement des agriculteurs. Ils n'ont généralement pas d'instruction et sont les plus manipulés par les politiciens. Viennent enfin les ouvriers népalais, beaucoup plus nombreux (300.000) que les Bhutia et Lepcha (95.000).

À la suite d’une révolte des ouvriers népalais, le Sikkim fut intégré comme état dans l’Union Indienne, en 1975 et avec l’avènement de la démocratie, le Sikkim entra dans le courant politique de la République.

Le Gouvernement d’Etat du Sikkim fut établi avec 32 sièges de l’Assemblée Législative. Afin de sécuriser et de protéger les minorités sikkimaises, treize sièges étaient réservés pour les Bhutia et Lepcha. Ces sièges constituent plus d’un tiers de l’Assemblée, et de cette façon, quiconque vient à briguer le pouvoir, doit gagner leur vote.

Durant quinze ans, les Babou se sont appuyés sur le peuple, et ont éjecté, quelques fois littéralement, les Kazi du pouvoir. Nar Bhadur Bhandari, le Premier ministre du Sikkim, à la tête du parti SSP (Sikkim Sangram Parishad), gouvernait l’Etat avec une poigne de fer pendant presque deux décennies.

Les quatre familles dominantes du Sikkim

Karma Topden et Kunzang Sherab faisaient partie des membres les plus importants de ce SPP (Sikkim Sangram Parishad). Ils exerçaient beaucoup de pouvoir et d'ascendant, à la fois dans leur parti et dans l’Etat. Progressivement, les membres de leur famille et leurs amis proches occupèrent des emplois dans des sphères importantes et influentes.

Karma Topden et Kunzang Sherab appartiennent à quatre familles politiquement puissantes dont les membres ont contribué à la "Joint Action Committee" de Sitou Rinpoché. Le "Joint Action Committee" est dépendant des familles Lharipa, Martang Topden, Kunzang Sherab et Pasang Namgyal. Comme il a été indiqué dans un précédent chapitre, la famille Lharipa a accueilli Gyaltsab lorsqu'il est arrivé à Gangtok, après sa fuite du Tibet.

Karma Topden et Kunzang Sherab ont réussi à s’emparer des 13 sièges réservés aux Bhutia et aux Lepcha et ils les ont attribués à des personnes faisant partie ou soumises aux intérêts de ce groupe des quatre familles. Le Premier ministre avait conclu un marché avec ces familles : il leur donnait de juteux contrats d’Etat valant une fortune, en retour, il recevait l’appui des 13 sièges.

En 1983, la famille Martang Topden devient l’ennemi juré de l’administration de Rumtek. Sitou Rinpoché "reconnaît " le nouveau Gyathon Tulkou dans leur famille et, en échange, demande de l’aide à Karma Topden.

Cependant, le Secrétaire général, Tobga Rinpoché, ferme les portes de Rumtek à l’élu de Sitou Rinpoché. Selon Tobga Rinpoché, il n’y avait pas de raison de démentir les paroles du 16ème Gyalwa Karmapa, et il était nécessaire de prendre en compte ce que l’ancien Gyathon lui-même avait annoncé quinze ans plus tôt, qu’il était "la dernière incarnation de la lignée des Gyathon" (voir le chapitre ???).

Le "Joint Action Committee (JAC)"

L’origine du "Joint Action Committee"

Karma Topden n’oubliera pas l’humiliation et le manque de considération de Tobga Rinpoché. Quand l’heure de la revanche arriva, Karma Topden expliqua à Sitou Rinpoché la manière d’acheter le soutien des trois autres familles et du Premier ministre. Comme Sitou Rinpoché ne manquait pas de fonds pour les convaincre qu’ils avaient des intérêts communs, une coalition naquit. Quelques années plus tard, elle sera fatale à Rumtek et sa communauté monastique. L’attaque du monastère de Rumtek le 2 août 1993 fut soutenue par le "Joint Action Committee" et c’est cette même organisation qui depuis lors, occupe de force le monastère.

Durant l’hiver 1994, le "Joint Action Committee" abandonnait le SSP (Sikkim Sangram Parishad) et rejoignait le parti du Congrès indien. Kunzang Sherab avait récemment démissionné de son poste de Président du groupe en raisons de problèmes de santé. Sonam Topden, le frère de Karma Topden était désormais à la tête de l’association.

Le "Joint Action Committee" était apparemment financé par un autre groupe suspect, situé à Katmandou. Ce groupe appelé "Comité Dergué" avait été établi en 1990 par T.N. Gyuchen, ancien ministre du Gouvernement tibétain en exil et opposé au 16ème Gyalwa Karmapa. Le principal bienfaiteur financier de ce groupe était Karge, un allié proche de Sitou Rinpoché. La direction du comité était assurée par M. Dhonyod Gyapo, basé à Himachal Pradesh. Kelzang Chimi, originaire de Lhassa, était le Vice-président, et résidant désormais à Katmandou. Karge, originaire de Bir, Himachal Pradesh, était le Secrétaire général, et résidait lui aussi à Katmandou.

Les familles composant le "Joint Action Committee" ne sont pas naïves ; elles ne travaillent pas avec Sitou et Gyaltsab Rinpochés motivées par leur foi dans "leur" Gyalwa Karmapa. Comme on l'a déjà montré, certaines familles sont motivées par la vengeance contre l’administration de Rumtek. Pour d'autres, l’argent est le principal moteur.

Informations pour mieux comprendre les intérêts du JAC

Nous avons retrouvé un document qui est en fait un communiqué de presse émanant du "Department of Information & Public Relations - Government of Sikkim, Gangtok", daté du 6 septembre 1993, document n° 41/IPR/1993-94, signé de P. Thondup, joint secretary :

M. Karma Topden (*), M.P., dans une lettre adressée au Premier ministre indien, Monsieur Narasimha Rao, lui demandait de discuter avec les autorités chinoises sur la question de la visite du 17ème Gyalwa Karmapa de Tsurphou (Tibet) à son centre à Rumtek, le plus tôt possible. La lettre, écrite dans la perspective de la visite du Premier ministre en Chine, déclare que les partisans de Sa Sainteté, tant à l’intérieur qu'à l'extérieur du Sikkim, sont très désireux de voir le 17ème Gyalwa Karmapa venir à Rumtek et se réjouissent à l’idée de recevoir sa bénédiction dans ce lieu (…)

Le plus intéressant …

Dans la même lettre M. Topden demande au Premier ministre d’aborder avec les autorités chinoises la question d'ouvrir le commerce frontalier entre l'Inde et la Chine par le Sikkim - la frontière de Tibet. Il a exprimé sa confiance que ce commerce frontalier, s’il reprenait cet itinéraire traditionnel, développerait l'économie de l'Etat du Sikkim qui dans l’état actuel de l'économie de marché et de la libéralisation, souffre des inconvénients de sa situation géographique. Il peut être bon de rappeler que M. Karma Topden a, par le passé, plusieurs fois écrit au Premier ministre pour insister sur le besoin d'ouvrir le commerce frontalier entre le Sikkim et le Tibet, où un commerce florissant a existé autrefois. (…)

(*) N’oublions pas que Karma Topden est membre actif du JAC.

Le Sikkim a été annexé à l’Inde en 1975, à la suite de troubles dans la région. Par le passé, il a toujours entretenu des relations avec le Tibet et les pays himalayens (Népal, Bhoutan). L’intention des membres du JAC serait de renouer ces relations avec le Tibet (c’est-à-dire la Chine), d’où l’intérêt de tisser des relations avec les Chinois.