Informations concernant le SikkimSituation intérieure au Sikkim Les quatre familles dominantes du Sikkim Le "Joint Action Committee (JAC)" Informations pour mieux comprendre les intérêts du JAC Situation intérieure au Sikkim Éléments de lhistoire du Sikkim Au Sikkim, la communauté Bhutia et Lepcha est formée de différents groupes ethniques. Parmi les plus importants, les Kazi, ou propriétaires, sont traditionnellement les familles nobles du Sikkim. Pendant des siècles, les Kazi ont exercé une grande influence dans la région, à lépoque de lancienne dynastie des Choegyals (rois du Sikkim). Les Babou (employés) font partie de la classe moyenne, membres dun clan habituellement instruit mais traditionnellement inférieurs aux Kazi. La classe suivante, les Lepcha et les Bhutia sont traditionnellement des agriculteurs. Ils n'ont généralement pas d'instruction et sont les plus manipulés par les politiciens. Viennent enfin les ouvriers népalais, beaucoup plus nombreux (300.000) que les Bhutia et Lepcha (95.000). À la suite dune révolte des ouvriers népalais, le Sikkim fut intégré comme état dans lUnion Indienne, en 1975 et avec lavènement de la démocratie, le Sikkim entra dans le courant politique de la République. Le Gouvernement dEtat du Sikkim fut établi avec 32 sièges de lAssemblée Législative. Afin de sécuriser et de protéger les minorités sikkimaises, treize sièges étaient réservés pour les Bhutia et Lepcha. Ces sièges constituent plus dun tiers de lAssemblée, et de cette façon, quiconque vient à briguer le pouvoir, doit gagner leur vote. Durant quinze ans, les Babou se sont appuyés sur le peuple, et ont éjecté, quelques fois littéralement, les Kazi du pouvoir. Nar Bhadur Bhandari, le Premier ministre du Sikkim, à la tête du parti SSP (Sikkim Sangram Parishad), gouvernait lEtat avec une poigne de fer pendant presque deux décennies. Les quatre familles dominantes du Sikkim Karma Topden et Kunzang Sherab faisaient partie des membres les plus importants de ce SPP (Sikkim Sangram Parishad). Ils exerçaient beaucoup de pouvoir et d'ascendant, à la fois dans leur parti et dans lEtat. Progressivement, les membres de leur famille et leurs amis proches occupèrent des emplois dans des sphères importantes et influentes. Karma Topden et Kunzang Sherab appartiennent à quatre familles politiquement puissantes dont les membres ont contribué à la "Joint Action Committee" de Sitou Rinpoché. Le "Joint Action Committee" est dépendant des familles Lharipa, Martang Topden, Kunzang Sherab et Pasang Namgyal. Comme il a été indiqué dans un précédent chapitre, la famille Lharipa a accueilli Gyaltsab lorsqu'il est arrivé à Gangtok, après sa fuite du Tibet. Karma Topden et Kunzang Sherab ont réussi à semparer des 13 sièges réservés aux Bhutia et aux Lepcha et ils les ont attribués à des personnes faisant partie ou soumises aux intérêts de ce groupe des quatre familles. Le Premier ministre avait conclu un marché avec ces familles : il leur donnait de juteux contrats dEtat valant une fortune, en retour, il recevait lappui des 13 sièges. En 1983, la famille Martang Topden devient lennemi juré de ladministration de Rumtek. Sitou Rinpoché "reconnaît " le nouveau Gyathon Tulkou dans leur famille et, en échange, demande de laide à Karma Topden. Cependant, le Secrétaire général, Tobga Rinpoché, ferme les portes de Rumtek à lélu de Sitou Rinpoché. Selon Tobga Rinpoché, il ny avait pas de raison de démentir les paroles du 16ème Gyalwa Karmapa, et il était nécessaire de prendre en compte ce que lancien Gyathon lui-même avait annoncé quinze ans plus tôt, quil était "la dernière incarnation de la lignée des Gyathon" (voir le chapitre ???). Le "Joint Action Committee (JAC)" Lorigine du "Joint Action Committee" Karma Topden noubliera pas lhumiliation et le manque de considération de Tobga Rinpoché. Quand lheure de la revanche arriva, Karma Topden expliqua à Sitou Rinpoché la manière dacheter le soutien des trois autres familles et du Premier ministre. Comme Sitou Rinpoché ne manquait pas de fonds pour les convaincre quils avaient des intérêts communs, une coalition naquit. Quelques années plus tard, elle sera fatale à Rumtek et sa communauté monastique. Lattaque du monastère de Rumtek le 2 août 1993 fut soutenue par le "Joint Action Committee" et cest cette même organisation qui depuis lors, occupe de force le monastère. Durant lhiver 1994, le "Joint Action Committee" abandonnait le SSP (Sikkim Sangram Parishad) et rejoignait le parti du Congrès indien. Kunzang Sherab avait récemment démissionné de son poste de Président du groupe en raisons de problèmes de santé. Sonam Topden, le frère de Karma Topden était désormais à la tête de lassociation. Le "Joint Action Committee" était apparemment financé par un autre groupe suspect, situé à Katmandou. Ce groupe appelé "Comité Dergué" avait été établi en 1990 par T.N. Gyuchen, ancien ministre du Gouvernement tibétain en exil et opposé au 16ème Gyalwa Karmapa. Le principal bienfaiteur financier de ce groupe était Karge, un allié proche de Sitou Rinpoché. La direction du comité était assurée par M. Dhonyod Gyapo, basé à Himachal Pradesh. Kelzang Chimi, originaire de Lhassa, était le Vice-président, et résidant désormais à Katmandou. Karge, originaire de Bir, Himachal Pradesh, était le Secrétaire général, et résidait lui aussi à Katmandou. Les familles composant le "Joint Action Committee" ne sont pas naïves ; elles ne travaillent pas avec Sitou et Gyaltsab Rinpochés motivées par leur foi dans "leur" Gyalwa Karmapa. Comme on l'a déjà montré, certaines familles sont motivées par la vengeance contre ladministration de Rumtek. Pour d'autres, largent est le principal moteur. Informations pour mieux comprendre les intérêts du JAC Nous avons retrouvé un document qui est en fait un communiqué de presse émanant du "Department of Information & Public Relations - Government of Sikkim, Gangtok", daté du 6 septembre 1993, document n° 41/IPR/1993-94, signé de P. Thondup, joint secretary : M. Karma Topden (*), M.P., dans une lettre adressée au Premier ministre indien, Monsieur Narasimha Rao, lui demandait de discuter avec les autorités chinoises sur la question de la visite du 17ème Gyalwa Karmapa de Tsurphou (Tibet) à son centre à Rumtek, le plus tôt possible. La lettre, écrite dans la perspective de la visite du Premier ministre en Chine, déclare que les partisans de Sa Sainteté, tant à lintérieur qu'à l'extérieur du Sikkim, sont très désireux de voir le 17ème Gyalwa Karmapa venir à Rumtek et se réjouissent à lidée de recevoir sa bénédiction dans ce lieu ( ) Le plus intéressant Dans la même lettre M. Topden demande au Premier ministre daborder avec les autorités chinoises la question d'ouvrir le commerce frontalier entre l'Inde et la Chine par le Sikkim - la frontière de Tibet. Il a exprimé sa confiance que ce commerce frontalier, sil reprenait cet itinéraire traditionnel, développerait l'économie de l'Etat du Sikkim qui dans létat actuel de l'économie de marché et de la libéralisation, souffre des inconvénients de sa situation géographique. Il peut être bon de rappeler que M. Karma Topden a, par le passé, plusieurs fois écrit au Premier ministre pour insister sur le besoin d'ouvrir le commerce frontalier entre le Sikkim et le Tibet, où un commerce florissant a existé autrefois. ( ) (*) Noublions pas que Karma Topden est membre actif du JAC. Le Sikkim a été annexé à lInde en 1975, à la suite de troubles dans la région. Par le passé, il a toujours entretenu des relations avec le Tibet et les pays himalayens (Népal, Bhoutan). Lintention des membres du JAC serait de renouer ces relations avec le Tibet (cest-à-dire la Chine), doù lintérêt de tisser des relations avec les Chinois. |