Avant-propos
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Introduction à la controverse des Karmapa
Quelques données historiques
1959 : Le Karmapa s'exile en Inde
Les difficultés au temps du 16ème Karmapa
Les années 80 à 90
Les évènements de 1992
Les évènements de mai et juin 92
Campagne de propagande
Orgyen Trinley, le Karmapa de Sitou Rinpoché
Les événements de novembre et décembre 1992 à Rumtek
Informations concernant le Sikkim
Année 93 : la situation dégénère à Rumtek
Identification du 17ème Karmapa Trinley Thayé Dorje
L’année 1994
La controverse : confrontation des points de vues
Les rapports entre Shamar Rinpoché et le Dalaï-Lama
Survol des événements des années 1994 à 1999
Année 2000
Année 2001
Chronologie des événements
Bibliographie et sources d’informations
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Orgyen Trinley, le Karmapa de Sitou Rinpoché

L’arrivée d’Orgyen Trinley à Tsurphou

L’incroyable déclaration de Drubpeun Dechen Rinpoché

Sitoupa connaîtrait-il Orgyen Trinley depuis 1991 ?

Le Dalaï-Lama reconnaît officiellement Orgyen Trinley

L’intronisation d'Orgyen Trinley à Tsurphou

L’étrange récit de Lobsang Geleg Rinpoché


L’arrivée d’Orgyen Trinley à Tsurphou

Le 15 juin 1992, Orgyen Trinley entre dans Tsurphou. Conduit dans un convoi de sept voitures, l'enfant semblait plutôt désorienté. Il y avait eu un accident en route et deux personnes avaient été tuées. Les fonctionnaires chinois semblaient donner les ordres et ils devenaient soupçonneux envers les Occidentaux présents. Environ deux mille Tibétains défilèrent devant le tulkou pour recevoir sa bénédiction.

Deux jours plus tard, les a apparitions publiques du garçon ont brusquement été suspendues. Dés lors, on ne pourrait obtenir une bénédiction qu’à travers un panneau de verre.

Déclarations de Akong à Lhassa

Akong et Sherab étaient à Lhassa et ils désiraient parler aux Occidentaux. Akong les a informé des événements à Rumtek, du désaccord parmi les détenteurs de la lignée. Il leur a montré une copie de la lettre de prédiction. Il leur a aussi dit que Shamar Rinpoché avait voulu installer un autre garçon comme Karmapa et que le régent était entré au monastère de Rumtek à la tête d'un contingent de soldats indiens. Il a alors admis qu'il avait donné l'ordre de protéger Karmapa.

Plus tard, Akong révéla qu'il y avait beaucoup de doutes concernant la mort de Jamgueun Kongtrul Rinpoché. Des témoins avaient vu des marques de frein au sol, le moteur sur la route et la voiture neuve très endommagée, écrasée contre un arbre. Il y avait eu des appels téléphoniques mystérieux le matin de l'accident et un déplacement bien matinal d'un mécanicien venu vérifier la voiture. Akong soupçonnait à coup sûr un sabotage. Il aurait été facile de détruire la voiture en ajoutant simplement du sucre ou du sel dans le moteur. Le moteur se bloquerait et de ce fait, à grande vitesse, catapulterait le véhicule.

L’incroyable déclaration de Drubpeun Dechen Rinpoché

Qui est Drubpeun Dechen Rinpoché ?

Le dernier scoop était une révélation inattendue faite par Drubpeun Dechen Rinpoché, le lama directeur de Tsurphou et l'une des principales figures ayant amené Orgyen Trinley au siège de Karmapa.

Des années auparavant, Drubpeun Dechen s'était approché du 16ème Karmapa, lui offrant de voyager secrètement au Tibet et d'aider à la reconstruction du vieux monastère. Malgré la ferveur du lama, l'idée ne semblait pas avoir soulevé l'enthousiasme de Sa Sainteté. Sans s'opposer à l'offre, le Karmapa déclara qu'il ne voyait franchement aucun avenir pour ce lieu.

Finalement, c'est sur les ordres de Sitoupa, après la mort de Sa Sainteté, que Drubpeun Dechen se rendit au Tibet. Ses propos ultérieurs revendiquant d'avoir été envoyé à Tsurphou par le 16ème Karmapa étaient exagérés.

La révélation de Drubpeun Dechen Rinpoché

Dans une interview avec la "Tsurphou Fondation", Drubpeun Dechen a admis que la groupe de recherche du 17ème Karmapa, conduit avec son aide et celle de Lama Dholmo, porteur d'une copie de la lettre de prédiction, avait en réalité quitté Tsurphou dès le 8 avril.

Le groupe s'était mis en route malgré le fait que, comme l’avaient décidé les quatre régents, une telle mission n'aurait pas dû avoir lieu avant que Jamgueun Kongtrul n'ait révélé ses contacts initiaux.

Les quatre régents avaient décidé que Jamgueun Kongtrul devait faire la première approche et non Lama Dholmo. Les conditions dans lesquelles un lama local avait pu se procurer une copie d'un document ultra secret, à ce moment-là, restaient obscures. De même, pourquoi usurpait-il la place de Jamgueun Kongtrul plus de deux semaines avant sa mort tragique ?

Drubpeun Dechen révéla qu'Akong et Sherab, les émissaires des deux rinpochés, lui avaient personnellement remis la copie de la lettre. Cependant, les deux émissaires n'avaient rien à faire à Tsurphou à cette période. Ils n'étaient pas supposés errer dans ces contrées éloignées de leur pays, et certainement pas avec une copie de la lettre de prophétie.

Dans la même interview, Drubpeun Dechen décrit les différents miracles apparus à la naissance de l'enfant : on avait entendu, entre autres, le son d'instruments de musique pendant deux heures dans la vallée et on avait pu apercevoir quatre soleils dans le ciel. Cependant, dans son discours aux Tibétains du 12 juin, Sitou Rinpoché n’avait mentionné seulement que trois soleils. Puis, en parlant aux Occidentaux quelques minutes plus tard, il avait oublié les soleils.

Sitoupa connaîtrait-il Orgyen Trinley depuis 1991 ?

Il était très intéressant d'entendre ce que Drubpeun Rinpoché avait à dire sur la découverte du garçon. Il a reconnu qu'en 1991, Tai Sitou avait visité le monastère où Orgyen Trinley était moine. Il est pourtant difficile d'imaginer que Sitoupa, qui avait reconnu en 1991, à lui tout seul, le nombre impressionnant de cent soixante tulkous au Tibet oriental, n'avait pas été informé de la présence d'un garçon dont la naissance avait été accompagnée par des signes aussi miraculeux. Après tout, quatre soleils dans le ciel n'est pas un événement quotidien, même au Tibet.

En outre, le garçon aurait participé à un mois et demi d'initiations données par Sitoupa à Palpung cette même année 1991.

Il semblerait tout simplement que Sitou Rinpoché se soit décidé sur l'enfant, longtemps avant de s'asseoir avec ses pairs pour interpréter les instructions concernant la localisation de cet enfant.

Le 24 avril, une photo du garçon a été prise et un comité d'accueil a été organisé pour conduire le tulkou à Tsurphou. Ceci, toujours avant la mort de Jamgueun Kongtrul.

Le 17 mai, les deux régents ont déclaré publiquement à Rumtek qu'étant donné que Shamar Rinpoché était loin, ils se devaient d’agir seuls. Ils envoyaient donc Akong et Sherab pour une mission de recherche au Tibet. Selon eux, les deux émissaires seraient arrivés à Tsurphou dans la deuxième moitié du mois de mai et un groupe de seize personnes aurait été rapidement envoyé au Kham. On annonça qu'Orgyen Trinley, le 17ème Karmapa, arriverait à Tsurphou le 20 juin. Il arriva en fait le 15 juin.

En admettant que le groupe de seize personnes ait réellement été l'équipe de recherche initiale, il lui aurait fallu au minimum vingt jours pour achever un voyage aller-retour du Tibet central vers le Tibet oriental, localiser le garçon dans l'immense territoire des nomades du Kham, et entrer en pourparlers avec les parents pour le ramener à Tsurphou.

Rappelons que tout ce voyage se déroule sur les mauvaises routes du haut plateau tibétain, dangereuses et bien souvent non carrossables. Réaliser un tel périple aller-retour en vingt jours est matériellement impossible.

Bien que l'interprétation de la lettre de prédiction soit claire quant au nom de la famille et la région générale du Kham, il n'y avait, bien entendu, aucune adresse. C'est pourquoi, il devait y avoir une équipe de recherche précédente, ce que Drubpeun Dechen a révélé par mégarde dans son interview. Mieux encore, le groupe de Lama Dholmo, qui s'était mis en route le 8 avril, cherchait probablement quelqu'un que Sitou Rinpoché connaissait assez bien, puisqu'il semble avoir rencontré l'enfant en 1991, si ce n’est pas avant. Le groupe expédié de Tsurphou fin mai était simplement un comité d'accueil qui savait parfaitement où trouver le garçon.

Une chose est devenue claire : Sitoupa, Gyaltsab, Akong et les autres allaient la main dans la main avec les Chinois. Leur plan secret d'exclure Shamarpa et d’installer leur candidat à Tsurphou à son insu n'avait rien de secret pour le gouvernement de Pékin. Ils n'auraient pas pu accomplir une telle mission sans le support officiel des Chinois et leur aide active. Les deux régents devaient beaucoup au Politburo chinois.

Orgyen Trinley doit aller à Rumtek

Dés qu’il a annoncé sa découverte de l'enfant, Sitou Rinpoché a promis à ses disciples que Karmapa serait, très rapidement, officiellement installé à Rumtek, expliquant que sa venue en Inde était seulement une question de jours, peut-être de semaines. Après quelques temps, cependant, sans signe d'Orgyen Trinley à l'extérieur du Tibet, les semaines se sont étendues aux mois et plus tard les mois sont devenus des années. Puis, incapables de nier l'évidence, Tai Sitou et ses disciples admettront simplement qu'Orgyen Trinley devra rester un invité en Chine pour une période quelque peu prolongée.

Toutes ces assurances étaient irréalistes. En tenant un tel trésor entre leurs mains, les Chinois n'avaient aucune intention de laisser partir l'enfant. C'était une occasion rêvée d'affaiblir le Dalaï-Lama et de diviser à nouveau les Tibétains au moment même où le Panchen Lama n'était plus disponible pour assurer son rôle historique.

Sitou Rinpoché s'était trompé, s'il avait imaginé que les Chinois laisseraient facilement à l'enfant la liberté d'aller à Rumtek afin d’y assumer ses devoirs religieux. Il est même surprenant qu'il n’ait pas vu que son candidat allait rester un prisonnier dans une cage dorée. À moins bien sûr, que l'objectif secret du rinpoché, ne soit de tenir Karmapa enfermé au Tibet occupé.

Quelle que soit la vérité, les gens de Sitoupa nourrissaient de grandes espérances. Le monastère de Woodstock avait déjà commencé à recueillir des fonds pour la visite de Sa Sainteté aux Etats-Unis, annoncée comme imminente. Quant au garçon lui-même, il avait probablement peu d'idée sur ce qui se passait vraiment. Cependant, même si on lui avait permis de parler, son avis aurait eu probablement peu de portée, puisque de toute évidence, il était juste un pion dans le jeu des autres.

Le Dalaï-Lama reconnaît officiellement Orgyen Trinley

Le 29 juin 1992, le Dalaï-Lama prononça l'identification formelle d'Orgyen Trinley comme 17ème Karmapa.

Quelques jours seulement après qu'il ait donné son approbation orale depuis Rio, il était pleinement conscient que les maîtres Kagyu ne parlaient pas d'une voix si unanime que Tai Sitou et Gyaltsab l'avaient prétendu. Mais une fois son consentement donné, même informel, Sa Sainteté ne pouvait plus reculer. Il lui était impossible de reconnaître que son secrétaire avait fait une erreur ou, pire encore, d'admettre que lui-même s'était peut-être trompé. Le Dalaï-Lama ne peut pas avoir tort !

C'est ainsi que tous les autres ont accepté cette reconnaissance, simplement parce que le Dalaï-Lama l’avait fait. Et lui-même l’a fait parce qu'on lui avait dit que les autres avaient consenti !

Un document écrit (l'identification formelle par le Dalaï-Lama) publié le 3 juillet par le Ministère des affaires étrangères de Dharamsala, donne l'impression que les trois régents, Shamar, Sitou et Gyaltsab Rinpochés, sont venus ensemble, le 29 juin, à une audience avec le Dalaï-lama, afin d'informer le leader tibétain des détails concernant la réincarnation. Sa Sainteté aurait alors publié la lettre de confirmation formelle. Ses paroles auraient été retranscrites dans leur totalité, et le document signé par un ministre, Tashi Wangdi.

En réalité, seulement deux régents ont rendu visite au Dalaï-Lama le matin, Sitoupa et Gyaltsab Rinpoché. Shamar Rinpoché a obtenu une audience l'après-midi du même jour. Mais ils avaient des choses très différentes à exprimer.

Shamarpa révéla qu'il détenait d'autres indices quant à l'identité du 17ème Karmapa et a demandé à Sa Sainteté d'examiner ces indices quand le moment serait venu. Selon une interview du régent senior publiée en août dans "The Tibetan Review", le Dalaï-Lama avait alors consenti à sa demande.

La vision du Dalaï-Lama

Un autre fait, annoncé comme la preuve indubitable de la légitimité du processus, est la vision du Dalaï-Lama concernant la renaissance de Karmapa. Le leader tibétain aurait partagé son expérience avec Sitou Rinpoché, ce dernier l'a mentionné lors d'une conversation avec les Occidentaux à Rumtek en juin.

Dans sa vision, Sa Sainteté a vu un bel endroit sans arbre, entouré de montagnes. Les flots coulaient des deux côtés et il n'y avait personne, aucun animal non plus. Il a entendu le son "Karmapa" dans l’air, et il était très heureux lorsqu'il s'est réveillé. Personne ne discutera le fait que le Dalaï-Lama ait eu une telle vision. Sa description prouve que ce qu'il a vu se trouvait très certainement au Tibet, en effet 90% du pays pourrait très bien correspondre à une telle image. Cependant, ce n'est en aucun cas la confirmation qu'Orgyen Trinley est le 17ème Karmapa. La plupart des enfants tibétains sont nés dans un environnement semblable à celui décrit par le Dalaï-Lama et Orgyen Trinley ne fait pas exception.

L’intronisation d'Orgyen Trinley à Tsurphou

Le 27 septembre 1992, Orgyen Trinley fut officiellement installé à Tsurphou comme le 17ème Karmapa.

Les membres du monastère de Rumtek ainsi que ceux du "Karmapa Charitable Trust" n'ont pas approuvé la procédure. Kunzig Shamarpa, historiquement second après le Karmapa dans la hiérarchie spirituelle des Kagyu, n'a pas assisté aux cérémonies.

Pékin avait officiellement reconnu ce Karmapa deux mois auparavant, le 29 juin, lui décernant le titre de "Bouddha Vivant". L'identification chinoise avait coïncidé avec l'approbation formelle du Dalaï-Lama, rendue publique à Dharamsala le même jour. Le titre même n'est autre qu'un synonyme communiste pour désigner un lama coopérateur.

Akong tulkou a aussi rejoint les rangs des "Bouddhas vivants", un fait révélé avec délicatesse dans "The Tibetan Review", un périodique de propagande chinoise disponible gratuitement dans leurs ambassades du monde entier. Le même magazine a informé ses lecteurs que le "Bouddha Vivant" résidant en Ecosse, avait été nommé au Gouvernement de la Région autonome tibétaine ou le TAR (NdT, initiales de Tibetan Autonomous Region, signifiant également goudron en anglais), comme les Chinois l'appellent élégamment. La machine de propagande communiste n'a pas manqué de mentionner que le 17ème Karmapa deviendrait une personne loyale envers sa patrie socialiste.

L'intronisation à Rumtek tant annoncée n'est jamais arrivée. Comme il devenait clair qu'Orgyen Trinley ne pourrait pas sortir du Tibet, au moins pour le moment, les deux régents ont dû se contenter de Tsurphou pour cela.

Une vidéocassette relatant la cérémonie, officiellement distribuée par la Chine, montre l'ostensible présence des fonctionnaires chinois. La véritable intronisation fut précédée par leurs discours, la présentation d'une lettre de Pékin - le certificat du gouvernement sur la réincarnation et l'intronisation - et par les échanges des écharpes blanches traditionnelles et des cadeaux. Les deux régents semblaient faire l'impossible pour plaire à leurs visiteurs de Pékin. Les quatre messieurs chinois, proprement vêtus de costumes sombres, n'ont pas jeté un seul regard à l'enfant qu'ils reconnaissaient. Dire qu'ils ont montré un intérêt minime à ce qui se passait serait même exagéré. Leur souci principal était d'attirer l'attention de tous sur le document de leur gouvernement. Un spectateur mal informé aurait pensé que c'était peut-être la célèbre lettre de prédiction, tellement le papier était exposé.

La salle des reliques sacrées débordait de visiteurs de tout le Tibet. Les Tibétains, travaillant pour le gouvernement pro-chinois à Lhassa, étaient venus en force. Il y avait de nombreux rinpochés Kagyu importants venus du Népal et d'Inde, et aussi quelques Occidentaux, venus principalement des Etats-Unis.

L'enfant lui-même semblait très distrait, comme le serait un enfant de sept ans dans de telles circonstances. Il ne pouvait pas rester assis immobile plus d'un instant, n'avait évidemment aucune idée de ce qui arrivait. On lui chuchotait à l'oreille chaque fois que la cérémonie exigeait un niveau minimal de participation de sa part. Vers la fin, il était franchement irrité, ce qui est loin d'être anormal pour un garçon de son âge issu d'une famille de nomades. Le bulletin de "Sherab Ling" (monastère de Sitou Rinpoché) était en soi très indulgent en proclamant que le "jeune Karmapa" s'est conduit avec dignité solennelle et tolérance. Il y avait certainement beaucoup de tolérance "pour" le comportement du jeune garçon ; quant à sa dignité solennelle elle semblait totalement absente.

L'image qui ressort d'autres extraits filmés est encore plus dérangeante. Ne semblant pas à sa place sur son trône, avec ses brocards d'or, clairement dérangé par les rituels qui se déroulaient autour de lui, le jeune garçon montra aussi un caractère violent. Rapidement irrité, il ne faisait que jeter des objets à ceux qui entraient dans la pièce. Les grimaces de son visage témoignaient plutôt d'une forte colère que du désir de taquiner ses aînés. L'heureuse réunion familiale filmée sur le toit du monastère se termina brusquement lorsque le garçon renvoya d'un geste fier ses père et mère, et autres parents. Si c'était là l'image officielle du nouveau Karmapa à l'attention du monde extérieur, nul doute que nous soyons considérés comme un groupe religieux étrange, qui vénère un sale gosse âgé de sept ans sous l'œil bienveillant de la Chine communiste.

Le jour suivant, selon le bulletin de "Sherab Ling", "30.000 personnes se présentèrent d'une façon ordonnée pour recevoir les bénédictions du 17ème Karmapa." Le "China's Tibet", une revue trimestrielle publiée par Pékin, avance même le nombre de 40.000 personnes. Vu le comportement de l'enfant sur le film, aucun doute que la tâche de bénir ne serait-ce que trente personnes aurait constitué un sérieux défi à sa concentration. Quant au nombre prodigieux de trente ou même quarante mille personnes que l'on a dit avoir défilé devant Karmapa, il est difficile d'imaginer comment cet enfant âgé de sept ans aurait pu s'en tirer. Peut-être que les rédacteurs des dits périodiques, légèrement emportés par leur enthousiasme, ont ajouté quelques zéros supplémentaires à leur compte-rendu.

L’étrange récit de Lobsang Geleg Rinpoché

A la même époque, un compte rendu étrange fut envoyé à tous les centres. Le nom de Lobsang Geleg Rinpoché, qui signait au bas des deux pages, était inconnu de tous. Mais bien qu'encore sans renommée, le Vénérable Geleg Lobsang avait, apparemment beaucoup de choses intéressantes à partager.

Selon sa déclaration écrite, l'importante cérémonie de Tsurphou fut en fait précédée par des événements plutôt peu opportuns tant à Rumtek qu'au Tibet.

Alors qu'Orgyen Trinley était officiellement ramené à son siège, au même moment, une bannière d'or était tombée du lieu saint du protecteur à Rumtek. Puis, une des voitures de son entourage avait dérapé et s'était retournée sur la route dangereuse, tuant deux passagers.

Lors la cérémonie d'intronisation elle-même, certaines personnes attendant à l'extérieur avaient été blessées par un rocher qui avait roulé au bas d'une montagne située à côté du monastère. Le frère cadet de Sitou Rinpoché, s'était battu avec des policiers, il avait été arrêté et retenu pendant plusieurs heures. Enfin, les moines, en tentant de gérer la foule, avaient commencé à se battre avec les autres participants et une atmosphère plutôt chaotique s'était répandue.

Tous ces événements sont loin des signes qui accompagnent la reconnaissance et l’intronisation du Karmapa. Nous avons bien entendu, dû attendre de savoir qui était ce Geleg Lobsang si bien informé avant de pouvoir entièrement accepter ses paroles. Mais les événements décrits ont été aussi confirmés par d'autres témoins oculaires au Tibet et il est devenu clair que la cérémonie de Tsurphou n'a pas été un événement aussi digne qu'elle avait été officiellement annoncée.