Avant-propos
Téléchargement du document PDF
Introduction à la controverse des Karmapa
Quelques données historiques
1959 : Le Karmapa s'exile en Inde
Les difficultés au temps du 16ème Karmapa
Les années 80 à 90
Les évènements de 1992
Les évènements de mai et juin 92
Campagne de propagande
Orgyen Trinley, le Karmapa de Sitou Rinpoché
Les événements de novembre et décembre 1992 à Rumtek
Informations concernant le Sikkim
Année 93 : la situation dégénère à Rumtek
Identification du 17ème Karmapa Trinley Thayé Dorje
L’année 1994
La controverse : confrontation des points de vues
Les rapports entre Shamar Rinpoché et le Dalaï-Lama
Survol des événements des années 1994 à 1999
Année 2000
Année 2001
Chronologie des événements
Bibliographie et sources d’informations
Accès pages en anglais
Pour recevoir des mises à jours
écrire

 

Année 2001

Le Gouvernement indien accorde le statut de réfugié à Orgyen Trinley

Le statut du Karmapa, un risque pour la sécurité ? dans "Hindu"

Point de non retour dans "The Time Of India"

Conférence Internationale Karma Kagyu à Kathmandou

Allocution de la communauté des moines du Gyalwa Karmapa

Allocution de Kunzig Shamar Rinpoché

Résolutions prises durant la Conférence Internationale Karma Kagyu

Lettre ouverte à Sa Sainteté le Dalaï-Lama


Le Gouvernement indien accorde le statut de réfugié à Orgyen Trinley

L’affaire Karmapa est loin d'être résolue

"Hidustan Times", vendredi 9 février 2001, New Delhi, Udayan Namboodiri - (New Delhi, le 8 février)

"Le Gouvernement décide de reconnaître formellement Lama Orgyen Trinley Dorje comme un "réfugié tibétain" après des mois d’activité diplomatique secrète. La décision a été prise le mois dernier durant la visite de Li Peng, ancien Premier ministre chinois.

Le principe d’un compromis a finalement prévalu et l'Inde autant que la Chine se sont quittées à moitié satisfaites.

New Delhi a refusé de reconnaître le garçon de 14 ans comme le Karmapa de la lignée Karma Kagyu. Il continuera tout de même à vivre à Dharamsala, le quartier général du Gouvernement tibétain en l'exil, mais ses mouvements à l’intérieur comme à l'extérieur du pays seront limités. En outre et sans doute la décision la plus importante, il pourrait ne jamais obtenir l'autorisation de se rendre au Sikkim où ses disciples souhaiteraient qu'il prenne en charge le monastère de Rumtek.

L'arrivée du jeune lama n'avait pas été une bonne nouvelle pour New Delhi. Elle avait été perçue comme un mouvement délibéré de la Chine afin de créer la discorde entre les disciples des deux Karmapa. Thayé Dorje, âgé de 17 ans et reconnu comme le Karmapa par ses partisans, vit à Kalimpong sous la protection des services de renseignement indiens, mais il n’est pas autorisé à entrer au Sikkim.

Le Dalaï-Lama, chef spirituel suprême du Tibet, et sur qui repose le pouvoir d'arbitrer, a un rôle bien curieux dans cette affaire. Sa Sainteté continue en effet d'osciller entre la reconnaissance du "Karmapa chinois" comme le successeur du 16ème Karmapa, Rangjung Rigpai Dorje, et la théorie des deux Karmapa. Beijing et parfois Katmandu s'accommodent très bien de cette situation, afin de créer une pression diplomatique sur l'Inde et de mettre fin au débat.

Pendant son séjour à Delhi, Li Peng a essayé de pousser l'Inde sur la question. Mais cette dernière a tenu fermement sa résolution de maintenir le statu quo. Même si la Chine a un allié dans le Gouvernement du Sikkim de Pawan Chamling, le temps est compté. Le " Karmapa de Kalimpong " aura 21 ans dans quatre années et fort du support de ses 50.000 disciples, il pourrait très bien décider de revendiquer la Coiffe noire. Un conflit dans la communauté, dégénérant dans une confrontation diplomatique avec la Chine pourrait alors voir le jour. Ceux qui, en janvier, ont pressé New Delhi de régler le problème du jeune garçon de 14 ans auraient pu offrir une meilleure solution".

Le statut du Karmapa, un risque pour la sécurité ?

Article paru dans "Hindu", 8 février 2001, par Atul Aneja.

"New Delhi, le 7 février.

La semaine dernière, en accordant au moine adolescent, Orgyen Trinley Dorje, le statut de "réfugié", le Gouvernement s'est éventuellement exposé à un risque de sécurité avec des conséquences d'une grande portée.

De source bien informée, le Gouvernement aurait affirmé que son statut de "réfugié" pourrait mener le 17ème Karmapa au puissant monastère de Rumtek situé au Sikkim, siège de la lignée Kagyu à laquelle il appartient. Forte de cinq millions de membres dans plus de 300 monastères à travers le monde entier, la lignée Kagyu a également beaucoup de disciples au Sikkim. En accordant le statut de "réfugié", les proches du Gouvernement s’inquiètent des implications au plan de la sécurité, n'excluant pas une manipulation chinoise dans l'affaire des Karmapa. Les soupçons d'une plus grande participation au niveau international dans cette histoire, sont nés lorsque le jeune garçon est arrivé en Inde. Une partie du Gouvernement estime que le Karmapa n'aurait pas pu parvenir en Inde sans préparation et sans l'aide de la Chine. Selon eux, il est impossible que le Karmapa, résidant au 3ème ou 4ème étage du monastère de Tsurphou près de Lhassa, se soit "échappé" et ait voyagé en jeep sur des semblants de pistes. Sept ponts auraient été traversés par le groupe - constitué de six autres personnes en plus du Karmapa - avant que la frontière avec le Népal ne soit franchie au début de l'année 2000. Les fuyards, si on les croit, seraient ensuite entrés en Inde par le Népal, non loin de Gorakhpur, avant d’arriver à Dharamsala. Il est très improbable qu'ils aient réussi à échapper à la surveillance chinoise au cours du voyage.

Initialement, des rapports concernant l'arrivée du jeune lama en Inde, avaient cependant nié cette position en prétendant que le garçon et son entourage, au plus fort de l’hiver, avait bien réalisé un trek de 1.450 km avant d'atteindre Dharamsala. En soupçonnant une manœuvre chinoise, les sources n'excluent pas non plus une participation américaine. La présence du coordonnateur américain spécialisé sur la question du Tibet à Dharamsala, un jour seulement après l'arrivée du Karmapa, pourrait ne pas être une coïncidence.

La venue du Karmapa en Inde a ravivé les pressions au monastère de Rumtek. Tai Sitou Rinpoché, un des quatre régents impliqués dans la recherche du 17ème Karmapa après la mort de 16ème Karmapa, et éduqué aux U.S.A., a réclamé la présence d'Orgyen Trinley à Rumtek. Cependant, d'autres figures de la lignée se sont opposées à lui. Shamar Rinpoché, un autre régent impliqué lui aussi dans la recherche du 17ème Karmapa, s’est opposé à la visite du jeune lama à Rumtek. En réalité, il a contesté la reconnaissance du garçon comme le 17ème Karmapa. Il a choisi Trinley Thayé Dorje comme le véritable représentant de la lignée Kagyu.

Si le Karmapa, avec l'appui tacite des chinois, se rendait à Rumtek, cela pourrait avoir de graves conséquences au niveau de la sécurité indienne. Le monastère est très puissant et ses décisions peuvent grandement influencer l'opinion publique du Sikkim. Il abrite aussi la Coiffe noire, symbole d'autorité suprême de la lignée Kagyu. Le monastère compte d’énormes richesses et ressources, et il garde les trésors amenés par le 16ème Karmapa, lors de sa fuite du Tibet avec le Dalaï-Lama en 1959. L'Inde a donné le statut de "réfugié" à Orgyen Trinley Dorje, mais ne lui a pas accordé l'autorisation de se rendre à Rumtek. Interrogé sur la possibilité d'une visite de Dorje au Sikkim, un porte-parole du Ministère des affaires étrangères a répondu : "Non, pas encore." Le Karmapa, est "libre de se déplacer, mais il est soumis à des règles sur des périodes données."

Point de non retour

Editorial de "The Time Of India", 20 mars 2001, par Rai Singh.

"Concernant l’article de Bisheshwar Mishra "Le Karmapa est-il un risque pour la sécurité ?" (du 7 mars 2001), j'estime que la Chine a réalisé un objectif majeur de politique étrangère en nommant le lama Orgyen Trinley, âgé de 14 ans, comme le 17ème Karmapa. Lama Trinley est désormais le successeur légitime et le principal lama du monastère de Rumtek succédant le 16ème Gyalwa Karmapa, que j’ai connu personnellement lorsque je travaillais à Gangtok.

Lors des récents pourparlers sino-indiens, la question du statut d'Orgyen Trinley soutenu par les Chinois comme le successeur du Karmapa au monastère de Rumtek, avait été soulevée. Il faut peut être rappeler que durant sa visite en Inde en janvier de cette année, M. Li Peng avait essayé de convaincre l'Inde d'accepter son candidat lama Trinley comme le successeur légitime du Gyalwa Karmapa. Cette fois encore, il a réitéré sa demande. Réalisant les implications de cette manœuvre chinoise au niveau de la sécurité, l'Inde a jusqu'ici refusé d'accepter la demande de Beijing.

En accordant au jeune lama Orgyen Trinley Dorje, le statut de réfugié permanent, l'Inde s'est exposée à un risque majeur de sécurité. Le Gouvernement sait que son statut de réfugié le mènera finalement au titre de 17ème Karmapa du puissant monastère de Rumtek au Sikkim, et siège de la lignée Kagyu du bouddhisme tibétain, forte de cinq millions de membres. La lignée a de nombreux disciples au Sikkim. Les Chinois, impliqués dans l'affaire du Karmapa, craignent une plus grande participation internationale dans cette aventure".

 

Conférence Internationale Karma Kagyu à Kathmandou

Les 16 et 17 mars 2001, une Conférence Internationale Karma Kagyu s’est tenue à Kathmandou, au Népal, en présence de S.S. Shamar Rinpoché, de Khenpo Tcheudrak Rinpoché et de Nyendo Rinpoché.

La conférence a réuni de nombreux tulkous, lamas, moines et laïcs, venus de 23 pays et représentant plus de 500 centres et monastères à travers le monde entier. Cette rencontre a permis de resserrer les liens entre les membres de la communauté Kagyupa dans une atmosphère conviviale et chaleureuse.

Allocution de la communauté des moines du Gyalwa Karmapa

"Vénérables Rinpochés, Respectés Khenpos, Chers membres de la Sangha Karma Kagyu, Très éminents invités,

Nous, la communauté des moines du "Dharma Chakra Center" de Rumtek, nous souhaitons sincèrement la bienvenue à tous et nous vous remercions de votre présence à cette conférence. Nous avons décidé d’organiser cette conférence principalement en raison des récents événements inhabituels qui doivent instamment être discutés, examinés et résolus par tous les membres de l'organisation Karma Kagyu. Merci pour votre présence, que nous apprécions grandement.

Pendant des siècles, les quatre principales écoles ont toujours existé de façon autonome et indépendante, au sein du bouddhisme tibétain. Même après 1959, en exil, elles ont réussi à maintenir leur indépendance spirituelle et légale. Toutefois, cette tradition - établie de longue date afin de protéger et de préserver la diversité et la richesse du bouddhisme tibétain — a récemment et sérieusement, été mise en danger par S.S. le Dalaï-Lama.

Le 16ème Karmapa, Rangjung Rigpai Dorje, chef spirituel incontesté de l'école Karma Kagyu, avait dû défendre à plusieurs reprises, la spécificité des enseignements de son école contre les interférences fréquentes de S.S. le Dalaï-Lama. En fin de compte, ces attaques ont toujours échoué. En revanche, S.S. le Dalaï-Lama semble avoir développé une insatiable animosité contre la liberté d’esprit du 16ème Karmapa et de l'école Karma Kagyu. Après le décès du Karmapa en 1981, le Dalaï-Lama a poursuivi et même renforcé ses regrettables activités conspiratrices contre l'école Karma Kagyu.

Au début, nous avons seulement dû supporter les activités nuisibles d’un certain haut Rinpoché Kagyu, qui manifestement, avait totalement renoncé à sa fidélité et au respect de sa propre école : Sitou Rinpoché, pour ne pas le nommer. Il a fourvoyé beaucoup d'honnêtes gens, a soudoyé de nombreux fonctionnaires et il s'est étroitement associé à des voleurs et à des gangsters qui ont commis de graves délits, y compris des meurtres. Ainsi, nous n'avons jamais eu d’autre choix que de défendre notre école contre ces attaques malveillantes. Nous avons alors agi en rejetant toutes influences politiques et non-religieuses, et nous nous sommes strictement limités à la seule pratique de notre religion. Nous avons activement évité toute confrontation potentiellement nuisible et nous travaillons toujours ardemment pour améliorer la bonne image du bouddhisme tibétain dans le monde. Cette réaction compatissante et paisible aux attaques plutôt brutales de Sitou Rinpoché et de ses associés, nous a très bien servi jusqu'à présent. Il n'est donc pas surprenant que la communauté internationale, les leaders politiques, les groupes des droits de l'homme et les médias internationaux, n'aient pas été informés de notre existence dans le passé. Car nous considérions alors le problème, comme une question malheureuse et très regrettable mais interne à notre école Karma Kagyu, et dans laquelle aucune personne extérieure ne devait être impliquée. Cependant, nous avons récemment découvert que S.S. le Dalaï-Lama, qui n'est pas un membre de notre école, avait activement dirigé les activités de Sitou Rinpoché et ce, dès le début. C'est pourquoi, particulièrement choqués par cette découverte, nous avons organisé cette conférence publique.

En étroite coopération avec Sitou Rinpoché, S.S. le Dalaï-Lama a secrètement dirigé la fausse reconnaissance et l’intronisation du Karmapa en Chine, créant ainsi avec succès, un schisme dans l'école Karma Kagyu. Depuis toujours, les politiciens habiles ont toujours essayé de diviser leurs adversaires et leurs concurrents potentiels pour gouverner. À cet égard S.S. le Dalaï-lama n'est pas une exception.

Jusqu’à récemment, nous nous sommes toujours demandés pourquoi S.S. le Dalaï-Lama n’avait jamais publiquement condamné la violente annexion du pouvoir au monastère de Rumtek, en août 1993. A cette époque, Sitou Rinpoché avait soudoyé quelques puissants fonctionnaires de l'administration sikkimaise, qui en retour et avec reconnaissance, avaient organisé le violent assaut du monastère et avaient ensuite expulsé par la force les fidèles moines du Karmapa. Ils avaient, aussitôt après, confié le contrôle du monastère à Sitou Rinpoché.

Nous avons analysé les activités de S.S. le Dalaï-Lama, ä l'égard de notre école et nous sommes arrivés à la conclusion que Sa sainteté est motivée par sa profonde déception et sa mésentente avec le 16ème Karmapa. Ce dernier, avait en effet toujours fortement résisté aux nombreuses tentatives du Dalaï-Lama de contrôler l'école Karma Kagyu. Il soutenait fermement la liberté spirituelle et l'indépendance de sa lignée.

Bien que conscients de l’excellente image du Dalaï-Lama dans le monde occidental, nous faisons désormais cette déclaration publique. Beaucoup d’honnêtes gens, de grands professeurs, des politiciens et d’éminents hommes d'états, ont été très impressionnés par la forte personnalité peu ordinaire "du simple moine". En outre, grâce aux activités religieuses du Dalaï-Lama, les purs enseignements bouddhistes sur la non-violence, l'amour et la compassion, deviennent de plus en plus populaires dans le monde actuel. Nous reconnaissons d'ailleurs sincèrement la remarquable contribution de Sa Sainteté. Toutefois, nous comprenons bien que de nombreux admirateurs de S.S. le Dalaï-Lama, ne font pas ou ne veulent faire de distinction entre ses purs enseignements religieux et ses activités politiques. Beaucoup de ses partisans n'ont pas vu l'influence subtile des fréquentes présentations hollywoodiennes du Tibet comme un paradis spirituel et du Dalaï-Lama comme un saint homme absolument irréprochable. Dans ce contexte, son long combat politique contre le Gouvernement communiste chinois a même renforcé son image soigneusement étudiée du serviable défenseur de la démocratie, de la liberté et des droits de l'homme. En particulier les médias de nombreux de pays occidentaux, notamment les Etats-Unis, l'Allemagne, la France, suivent souvent l’opinion publique et les tendances bien établies. Ils ne font pas leurs propres investigations pour arriver à leur propre jugement sur les faits sous-jacents des complexes affaires tibétaines.

En raison de sa profonde opposition au 16ème Karmapa, S.S. le Dalaï-Lama a recherché et a trouvé quelques rinpochés insatisfaits de l'école Karma Kagyu désirant secrètement soutenir ses ambitions. Ainsi, le déloyal Sitou Rinpoché et ses hommes sont devenus les participants actifs au projet du Dalaï-Lama, de diviser et de contrôler la lignée Karma Kagyu. Sa Sainteté a pris un grand risque en révélant ouvertement aujourd’hui son leadership - précédemment gardé secret — dans le clan de Sitou Rinpoché. Mais il a apparemment révélé les faits maintenant, sachant que, laissé seul, Sitou Rinpoché, avec ses projets dévastateurs, n'a aucune chance de succès contre nous.

Nous voulons souligner que nous n'avons jamais eu et nous n'avons pas l'intention de ternir la réputation de S.S. le Dalaï-Lama en tant que leader religieux. Dans cette fonction, nous le respectons infiniment. Mais depuis qu’il a ouvertement dévoilé son rôle directeur dans le parti de Sitou Rinpoché, nous sommes forcés de prendre une position ferme. Sa proche collaboration avec le très litigieux Sitou Rinpoché, qui s’est complu dans un rapport très particulier avec la Chine et qui a été ensuite banni de l'Inde pour ces mêmes raisons, est en effet des plus déplorables. Comme nous respectons sincèrement notre propre leader spirituel, le Karmapa, notre premier devoir est de protéger et de préserver les authentiques enseignements particuliers à notre l'école Karma Kagyu. C'est pourquoi, nous ne pouvons absolument pas accepter cette grotesque revendication du Dalaï-Lama exposant qu’il est la personne habilitée à introniser le Karmapa.

La conférence est prévue pour débattre de cette question et résoudre ce problème délicat de la façon la plus efficace possible. De même, la conférence sera aussi une source d'informations sur le bouddhisme tibétain - et himalayen en général - pour toutes les personnes intéressées".

Khenpo Tcheudrak Tenphel Nyendo Rinpoché

 

Allocution de Kunzig Shamar Rinpoché

"Vénérable Rinpochés, Respectés Khenpos, Chers membres de la Sangha Karma Kagyu, Très éminents invités,

Nous sommes arrivés à un tournant dans notre effort de préserver la transmission authentique de la lignée Karma Kagyu. Ceux dont le dessein secret est de diviser la lignée Karma Kagyu pour finalement prendre le pouvoir, apparaissent aujourd'hui au premier rang de la controverse.

Durant notre entrevue avec S.S. le Dalaï-Lama à Washington en juin 2000, j'ai souligné que les Karmapa et les Shamarpa avaient, pendant des siècles, exercé l'autorité sur la lignée Karma Kagyu. J'ai déclaré qu'en 1994, j’ai identifié et reconnu seul Thayé Dorje comme le 17ème Karmapa, conformément à nos méthodes traditionnelles.

S.S. le Dalaï-Lama était déjà impliqué dans la question du Karmapa et il semblait avoir pris parti. Il a aussi mentionné qu'il pouvait y avoir plusieurs Karmapa. J'ai accepté sa position et je lui ai demandé de la révéler publiquement. Depuis qu’Orgyen Trinley a été installé à Tsurphou, j'ai proposé que Tsurphou continue naturellement à être son siège. Ainsi, il serait le Karmapa pour la Chine et le Tibet. En retour, Thayé Dorje serait le Karmapa pour l'Inde et le chef des monastères Kagyu de ce côté.

J'ai proposé ce compromis avec le véritable désir de résoudre le conflit qui coupe en deux la lignée Karma Kagyu. Cependant, le Dalaï-Lama a rejeté mon offre. J'ai été informé par écrit qu’en fait, Sa Sainteté avait reconnu Orgyen Trinley comme l’authentique Karmapa. L'identification du Dalaï-Lama a été effectuée non seulement sur la base de la prétendue "lettre de prédiction" de Sitou Rinpoché, mais aussi grâce à ses propres indications personnelles. C'est totalement contraire aux usages de la tradition Karma Kagyu. Le Dalaï-lama s’impose dans une position d'arbitre religieux, doté de pouvoirs spirituels, avec l'autorité de reconnaître le Karmapa. En réalité, une manœuvre a été mise place pour convertir l'école Kagyu en école Gelugpa !

Un tel scénario n'est pas acceptable !

J'ai proposé un autre compromis, qui, s’il avait été appliqué, aurait pu ramener l'unité au sein de la lignée, et installer un Karmapa accepté par tous ses disciples. J'ai préconisé que la question du Karmapa soit résolue par les Karmapa eux-mêmes. Accompagnés seulement par leurs parents, Orgyen Trinley et Thayé Dorje se rencontreraient et parviendraient eux-mêmes à une solution satisfaisante. Je ne pouvais retirer aucun profit personnel d'une telle offre et j’avais seulement en tête le bien de la lignée. J’étais également convaincu que ma proposition servirait le mieux les intérêts des deux adolescents. A nouveau, mon offre n'a pas été appréciée, cette fois par le groupe politique sikkimais, proche du Dalaï-Lama (le "Joint Action Committee").

Quelle conclusion logique peut-on tirer de ces refus constants ? La réponse qui vient à l'esprit est que S.S. le Dalaï-lama est contre l’expansion de l'activité du Karmapa et s'est engagé dans une politique de "diviser pour régner". Comment interpréter autrement les promesses rompues, les complots dans les coulisses, le non-respect de nos traditions séculaires, la création de nouvelles coutumes religieuses ?

Je vous livre ces informations avec une inquiétude considérable et beaucoup de regrets. Le Dalaï-Lama est-il toujours poussé par cette vieille animosité personnelle qu’il avait pour feu le 16ème Karmapa et pour l’administration de Rumtek de l’époque ? Le 16ème Karmapa, leader incontesté de l’école Karma Kagyu, a été confronté à l'ambition de Dharamsala quant au devenir des quatre écoles. En créant un contrepoids couronné de succès à la politique de Dharamsala, S.S. le 16ème Karmapa n'a gagné aucun ami dans le Gouvernement en exil. Il semble que les vieilles rivalités ont la vie dure et l'école Karma Kagyu est aujourd'hui menacée en son point le plus vital.

Nous sommes donc arrivés à un tournant. Si nous perdons le droit de reconnaître le Karmapa, notre lignée cessera de fonctionner comme la transmission indépendante qui a été préservée pendant neuf siècles. Je vous demande votre avis et cherche vos conseils. Devons-nous nous battre pour notre indépendance ? Ou bien, devons-nous nous soumettre à une autre lignée ? Si nous devions nous battre, quel serait notre objectif ? Pourquoi l'école Karma Kagyu est-elle actuellement en danger imminent de disparition ? Qu’a-t-elle d’exceptionnel ?

Le monastère de Rumtek se trouve-t-il au centre du patrimoine Kagyu ? La réponse est non. Selon les sutras bouddhistes, une place où la Sangha a été divisée et engagée dans un conflit - l’une des cinq actions négatives aux conséquences illimitées (Tsam Mepa Nga) - perd sa bénédiction. Elle est exempte de mérite spirituel et devient en fait, spirituellement polluée. Pour rétablir ses qualités incomparables, les parties ennemies doivent se réunir et se réconcilier totalement. En outre, un Stupa de la réconciliation doit être érigé sur le site, sinon aucune activité spirituelle n’est possible. Si Rumtek doit fonctionner à nouveau comme un lieu bouddhiste, si un pratiquant doit un jour développer et accumuler du mérite, les résidents doivent d’abord réunir la Sangha et construire un Stupa de la réconciliation.

Rumtek - ou tout autre monastère — n’est après tout, qu’un bâtiment conçu pour loger la communauté des moines dans lequel ils peuvent accomplir les rituels nécessaires et les pratiques. Le 16ème Karmapa avait choisi Rumtek pour en faire son siège principal. Le monastère a bien servi ce but jusqu'au 2 août 1993, date à laquelle il a été attaqué puis occupé par Sitou Rinpoché et les partisans de Gyaltsab Rinpoché, avançant la main dans la main avec les forces armées sikkimaises, sur les ordres d'officiers corrompus. Les attaquants ont donc commis une des cinq actions négatives aux conséquences illimitées, décrites dans les sutras.

De plus, quelle que soit sa beauté et son emplacement propice, une construction ne peut à elle seule, prétendre au statut spirituel de l'héritage irremplaçable de la lignée Kagyu. Néanmoins, tous les efforts sont faits pour reprendre Rumtek et le rendre à ses occupants légitimes.

Les saintes reliques conservées à Rumtek portent la bénédiction de la lignée. Cependant, ce sont des objets matériels qui, heureusement, ont été placés sous clés dès août 1992, grâce à la clairvoyance de la communauté des moines de Rumtek. Ils ont été ensuite scellés sur l'ordre du "District Magistrate" et pourront être récupérés une fois que le tribunal aura rendu son jugement. Même la célèbre Coiffe noire du Karmapa - ornée d’un rubis précieux - n'est pas indispensable pour le fonctionnement de la lignée. Elle fut offerte au 5ème Karmapa par Tai Ming Yung Lo, l'empereur de Chine. Cependant, notre lignée ne s’était pas moins développée avant l’apparition physique de la Coiffe noire. D’ailleurs, ni Orgyen Trinley, ni Thayé Dorje ne pourront posséder la Coiffe noire tant qu’ils ne seront pas arrivés à un accord mutuel.

Pourquoi la transmission Karma Kagyu doit-elle à tout prix être préservée ? Pourquoi est-elle inégalable ? Premièrement, nous avons le droit de reconnaître le Karmapa, leader spirituel incontesté de notre lignée. Les tentatives du Dalaï-Lama de rattacher l'école Kagyu à l'ordre Gelugpa doivent être stoppées net. Malheureusement, Sitou Rinpoché et Thrangu Rinpoché, suivi de près par Gyaltsab Rinpoché et Bokar Rinpoché, ont cédé à l'ingérence du Dalaï-Lama. En faisant cela, ils ont créé une crise sans précédent dans l'histoire de la lignée Karma Kagyu. Leurs accords à court terme et à visées personnelles avec les communistes chinois, et leur soumission timorée à l'autorité de l'école Gelugpa, mettent l'indépendance de la lignée en danger absolu.

Deuxièmement, nous devons préserver les enseignements et les méthodes écrites et transmises par les Karmapa et les maîtres Kagyu, enseignements qui composent le caractère unique de notre école. La source principale de la lignée est formée des pères fondateurs : Marpa, Milarepa et Gampopa. La transmission englobe des enseignements profonds du Vajrayana tels que l'instruction essentielle donnée par Tusoum Khyenpa, les six yogas de Naropa, enseignés pour la première fois par écrit par le 2ème Shamarpa ; les commentaires profonds des tantras, largement donnés par les 3ème et 8ème Karmapa, ainsi que le 4ème Shamarpa. La transmission Kagyu réunit aussi l'immensité des sutras comme le Madhyamika, l'Abhidharma, la Prajnaparamita, le Vinaya et le Tsema, expliqués dans le plus grand détail par les 7ème et 8ème Karmapa. La transmission contient finalement sutras et tantras avec la profondeur du Mahamudra, écrit, expliqué et enseigné d'abord par le 9ème Karmapa et d'autres ensuite. De plus, la transmission Karma Kagyu inclut les enseignements Nyingma appelés le Karma Nyingtik, insérés dans la lignée par le 3ème Karmapa ainsi que les termas de Jatson Nyingpo et de Karma Chagme.

Nous sommes à un tournant de notre histoire. Ce serait en effet, une immense perte pour le monde bouddhiste si notre transmission devait disparaître en faveur de l’expansion ambitieuse d'une autre lignée. Je vous pose à nouveau la question cruciale. Devons-nous nous battre pour notre lignée ou devons-nous nous rendre ? Nous devons, durant cette conférence, arriver à une décision qui nous unisse. Si nous cédons, nous perdrons le trésor de la transmission Karma Kagyu. Si nous voulons continuer notre lutte, nous n'avons pas d'autre choix que de nous opposer au Dalaï-Lama. C'est son interférence et sa stratégie de "diviser pour régner" qui est aujourd'hui la première menace à l'intégrité de notre lignée Karma Kagyu.

Si nous décidons ensemble de défendre la lignée, nous aurons besoin de l'aide et de l'appui de tous. C'est notre maison commune que nous protégeons. Nous luttons pour la survie de la bénédiction Karma Kagyu. Notre but est de préserver les méthodes inégalées du Bouddha pour aider les êtres à réaliser l’éveil et elles ne doivent pas disparaître aujourd'hui en raison de la corruption intérieure et de l'agression extérieure.

Afin de travailler efficacement dans les circonstances difficiles d'aujourd'hui, je proposerais la chose suivante : l'établissement de notre quartier général Karma Kagyu à New Delhi, en Inde, et la mise en place de deux centres administratifs, l'un à Washington DC, aux Etats-Unis pour l’Occident et l'autre à Hong Kong pour l’Asie".

Shamar Rinpoché

 

Résolutions prises durant la Conférence Internationale Karma Kagyu

Durant ces deux jours, des groupes de travail et de discussion se sont constitués et ont adopté plusieurs résolutions :

1) Il a été décidé la création de "l’International Karma Kagyu Organisation (IKKO)" dont le siège se trouve à New Delhi, en Inde. Cet organisme est chargé de coordonner les différents centres Karma Kagyu au niveau de l’information et des décisions concernant l’ensemble de la lignée. L’organisation est placée sous l’autorité de S.S Shamar Rinpoché, et est chargée d’agir au nom de tous les centres et monastères qui se réclament d’elle.

2) Les délégués ont réaffirmé l’indépendance de la lignée Karma Kagyu et leur opposition à toute ingérence extérieure dans les affaires internes de la lignée. Une lettre ouverte à S.S Le Dalaï-Lama a été rédigée en ce sens.

3) Concernant la reconnaissance du 17ème Karmapa, une requête a été faite à S.S Shamar Rinpoché afin qu'il poursuive ses efforts en vue de soumettre à une expertise légale et indépendante, la prétendue "lettre de prédiction" présentée par Sitou Rinpoché.

4) Les membres de la Conférence ont souhaité exprimer leur gratitude unanime et sincère ainsi que leur soutien à S.S. Shamar Rinpoché pour son activité présente et passée consacrée à la préservation de l’authenticité de l’école Karma Kagyu. Ils ont émis le souhait que cette transmission puisse être remise, à S.S. le Gyalwa Karmapa, Trinley Thayé Dorje, de la façon la plus pure. C’est pourquoi, une prière a été adressée à S.S. Shamar Rinpoché pour qu’il puisse se consacrer lui-même à cette transmission d’initiations et d’enseignements. Des représentants des différents centres seront invités à participer à cette transmission.

Lettre ouverte à Sa Sainteté le Dalaï-Lama

Lettre rédigée par les participants, à l’issue de la "Conférence Internationale Karma Kagyu", à Katmandou, au Népal, le 17 mars 2001.

"Votre Sainteté,

Une "Conférence Internationale Karma Kagyu" s’est tenue à Katmandou au Népal les 16 et 17 mars 2001. Les représentants de plus de cinq cents monastères et centres de l'école Karma Kagyu à travers le monde entier, ont participé à cette conférence expressément consacrée à la crise actuelle qui divise la lignée Karma Kagyu. Une résolution a été prise à l’unanimité afin d'affirmer la détermination de notre école à rejeter toute intervention extérieure à la lignée Karma Kagyu. Cette résolution concerne notamment le processus de reconnaissance et l’intronisation des Karmapa et la protection de la transmission authentique de la lignée Karma Kagyu.

Le droit fondamental de la lignée est de reconnaître le Karmapa, chef spirituel de l'école Karma Kagyu. Ceci doit être fait selon la véritable tradition spirituelle de la lignée Karma Kagyu, sans aucune interférence extérieure à cette lignée. Traditionnellement, la Coiffe noire et la Coiffe rouge de la lignée des Karmapa se remettent réciproquement à chaque reconnaissance et intronisation.

L’histoire montre que la crise actuelle prend ses racines dans le passé. Pendant des siècles, la lignée Gelugpa des Dalaï-Lama et la lignée Karma Kagyu des Karmapa, ont régulièrement été en conflit. Cela a commencé dès le 15ème siècle, à l’époque du 7ème Karmapa et du 4ème Shamarpa. Durant cette période le Gouvernement tibétain était sous le contrôle des Kagyupa.

Les hostilités furent à leur apogée en 1638 lorsque le 5ème Dalaï-Lama invita les armées mongoles à envahir le Tibet, avec à leur tête Goshir Khan. Cette alliance des Gelugpa et des Mongols eut pour conséquence la mort par décapitation de pratiquement tous les supérieurs d’un millier de monastères Karma Kagyu. Tous ces monastères furent contraints par la force de se convertir à l’ordre Gelugpa. Le camp du 10ème Karmapa fut attaqué, et plus de sept mille de ses moines furent massacrés. Seul le Karmapa et son serviteur réussirent à s’enfuir. Le Karmapa fut contraint à l’exil pendant quarante ans.

Deux siècles plus tard, durant la période de régence entre le 7ème et 8ème Dalaï-Lama, le conflit s’accentua. Tenpai Goenpo, Ministre Gelugpa, saisit l’opportunité de définitivement écarter Shamar Rinpoché de la scène religieuse tibétaine. Bien que ce dernier ait servi de médiateur lors d’une guerre du Népal contre le Tibet et la Chine, l’Empereur de Chine l’accusa de trahison et tous ses monastères furent mis de force sous la tutelle des Gelugpa. Un édit bannissant toutes les incarnations futures des Shamarpa fut alors proclamé.

En 1959, le Tibet tomba sous le joug de la Chine communiste. Malheureusement, la destruction du Tibet semble ne pas avoir été un désastre suffisant pour mettre un terme à la longue et injustifiée agression de l’école Gelugpa à l’encontre du Karmapa et de l’ordre Karma Kagyu.

En 1961, le Gouvernement tibétain en exil proposa de fusionner les quatre écoles tibétaines en une structure religieuse unique dirigée par Votre Sainteté. Cette politique provoqua de graves souffrances spirituelles dans bon nombre des communautés tibétaines en exil. Se ralliant à l’autorité du Karmapa, treize camps de réfugiés récusèrent ce projet du Gouvernement en exil, mettant ainsi un terme à l’ensemble de ce plan. Par la suite, dans les années 70, il fut reproché au Karmapa, d’avoir choisi de défendre l’autonomie des trois autres lignées.

Cette atmosphère agressive fomentée durant cette période déclencha de joyeuses manifestations dans les camps tibétains du Ladakh lorsque S.S. le 16ème Karmapa mourut en 1981. Ce regrettable incident attisa davantage la méfiance entre les deux écoles.

Avant même la mort du 16ème Karmapa, des membres de l’entourage de Votre Sainteté avaient déjà approché certains grands lamas Kagyupa, leur offrant leur collaboration dans la recherche et la reconnaissance du 17ème Karmapa. En collaboration étroite avec ce groupe de traîtres Kagyu, Votre Sainteté a réussi à diviser notre école pour la première fois dans l’histoire. Cette démarche a conduit à l’intronisation d’un faux Karmapa en Chine.

En 1992 et 1993, Votre Sainteté a délibérément appuyé les proclamations mensongères et les actions de ce groupe de lamas Kagyu corrompus. Cette ingérence est absolument inacceptable pour notre école Karma Kagyu.

En juillet 2000, l’implication de Votre Sainteté dans cette affaire s’est encore renforcée. Votre Sainteté a informé par écrit S.S. Shamar Rinpoché que, même si l’on trouvait et présentait une prédiction authentique du 16ème Karmapa, cela ne diminuerait en rien votre insistance à considérer Orgyen Trinley comme le détenteur de la lignée Karmapa. En agissant de la sorte, Votre Sainteté a privé rétrospectivement l’incontestable 16ème Karmapa de son droit à déterminer sa propre réincarnation. Une prise de position aussi absurde va à l’encontre de la tradition Karma Kagyu et laisse le champ libre à une main mise de l’école et du gouvernement de Votre Sainteté sur l’école Karma Kagyu.

Jamais jusqu’à votre intervention en 1992, aucun autre Dalaï-Lama n’avait joué le moindre rôle dans la reconnaissance d’un Karmapa authentique. Comme Votre Sainteté le sait bien, les incarnations des Karmapa sont antérieures de plus de trois siècles à la lignée des Dalaï-Lama. Il n’y a aucun précédent historique à la prise de position actuelle de Votre Sainteté.

Nous respectons grandement et soutenons la lutte de Votre Sainteté pour le bien et la liberté du peuple tibétain. Nous vous demandons donc d’user de la même bienveillance vis-à-vis de cette controverse des Karmapa. Pour sauvegarder l’intégrité de notre lignée, nous prions instamment Votre Sainteté de bien vouloir se retirer de ce conflit interne de l’école Karma Kagyu. Nous demandons également le soutien de Votre Sainteté en ce qui concerne notre certitude que le monde entier bénéficiera de la préservation de la riche diversité des quatre écoles, dont l’école Karma Kagyu.

Nous souhaitons sincèrement longue vie à Votre Sainteté ainsi qu’une santé excellente.

Très respectueusement,

Au nom de tous les délégués de la Conférence Internationale Karma Kagyu"

H.H. Luehrs (Président)